La sud-coréenne SKGC acquiert 10% du capital de Loop Industries

Publié le 23/06/2021 à 07:10

La sud-coréenne SKGC acquiert 10% du capital de Loop Industries

Publié le 23/06/2021 à 07:10

Par François Normand
Le logo de Loop Industries

SK Global Chemical débourse l'équivalent de 69,5 millions de dollars canadiens pour acquérir 10% du capital de Loop Industries. (Photo: courtoisie)

La multinationale sud-coréenne SK Global Chemical (SKGC) acquiert 10% du capital-actions de la start-up québécoise en économie circulaire Loop Industries (LOOP, 13,10 $US). Elles créent aussi une coentreprise pour lancer quatre usines de production de plastique à 100% recyclé en Asie d’ici 2030, dont une en Corée du Sud dès 2024.

«Cette entente permet de commencer à bâtir des usines en Asie, un marché sophistiqué dans lequel il faut avoir un partenaire local pour comprendre les règles, notamment en ce qui a trait à la propriété intellectuelle», souligne à Les Affaires Daniel Solomita, fondateur et PDG de la PME de Terrebonne, sur la Rive-Nord de Montréal.

Dans un communiqué conjoint, le PDG de SK Global Chemical, Kyung Soo, affirme que le partenariat avec Loop Industries contribuera à la réalisation «d’une économie circulaire du plastique» dans la région Asie-Pacifique.

«Nous sommes impatients de collaborer étroitement avec la célèbre société Loop, qui possède de grandes compétences technologiques en corrélation avec la catégorie du recyclage des plastiques», a-t-il indiqué dans le communiqué.

 

Une entente de 70 M$CA

SK Global Chemical débourse 56,5 millions de dollars américains (69,5 M$CA) pour acquérir 10% du capital de l’entreprise québécoise, ce qui en fait le deuxième actionnaire après Daniel Solomita, qui en détient environ 45%.

La multinationale sud-coréenne aura également un siège au conseil d’administration comptant désormais six personnes, incluant le représentant de SK Global Chemical.

Pour sa part, Loop Industries se servira d’une partie de cet argent pour investir dans son projet de construire une usine de production de plastique à 100% à Bécancour, au Québec.

Fondée en 2014, Loop Industries a développé une technologie brevetée qui permet de recycler les déchets plastiques avec une faible intensité énergétique, c’est-à-dire à moins de 100 degrés Celsius.

Concrètement, son procédé permet de recycler plus efficacement le plastique PET (polyéthylène téréphtalate) que l’on retrouve dans une foule de produits (bouteilles d’eau, chemises, tapis, etc.) et de créer une nouvelle résine vierge.

SK Global Chemical est l’une des divisions de SK Group, l’un des plus grands conglomérats sud-coréens présents dans plusieurs secteurs tels que la chimie, l’industrie, la finance et les télécommunications.

SK Global Chemical fabrique et distribue quant à elle des produits pétrochimiques comme des caoutchoucs oléfiniques ainsi que des polymères et éthylènes-propylène-diène monomères.

 

Une controverse qui a fait mal à Loop

L’automne dernier, Loop Industries a été prise dans une controverse quand Hinderburg Research, un investisseur américain activiste, a publié un rapport, le 13 octobre, qui affirmait que «Loop est de la fumée et des miroirs sans technologie viable».

La PME québécoise s’est défendue, en affirmant que la firme américaine a voulu faire de l’argent en vendant son action à découvert — le titre de Loop Industries a perdu de la valeur en octobre après la publication du rapport.

En décembre, l’entreprise de Terrebonne a publié un rapport confirmant «l’efficacité» de sa technologie effectué par l'organisme Kemitek.

Il s’agit à la fois d’un Centre collégial de transfert technologique (CCTT) et d’un Centre d’accès à la technologie (CAT), situé à Thetford Mines, qui est spécialisé dans la chimie verte et le pilotage de procédés.

Même si Loop Industries et SK Global Chemical ont commencé leurs pourparlers en juillet 2020, la publication du rapport de Hinderburg Research a quand même eu un impact sur le processus, affirme Daniel Solomita.

 

Les pays asiatiques populeux et à forte densité démographique — comme la Corée du Sud, le Japon et la Chine — ont beaucoup de potentiels pour SK Global Chemical et Loop Industries. (Photo: 123RF)

 

«Cela a contribué à allonger un peu le délai pour faire l’entente avec SK Global Chemical», dit-il.

L’entreprise sud-coréenne a tout vérifié, et ce, de l’efficacité technique aux vérifications financières (financial due diligence). Des employés sud-coréens ont même passé sept jours dans la PME à Terrebonne, en mai, afin d’y faire eux-mêmes des tests.

Selon Daniel Solomita, les employés SK Global Chemical ont dû faire une quarantaine à leur arrivée au Canada, en plus de faire une quarantaine à leur retour en Corée du Sud.

 

Un gros marché potentiel en Asie

SK Global Chemical détiendra 51% du capital de la coentreprise créée en Asie avec Loop Industries. Même si l’entreprise québécoise cède le contrôle à son partenaire sud-coréen, Daniel Solomita affirme qu’il y gagne au change.

«En vertu de cette entente, on recevra 49% des profits de la coentreprise en Asie, en plus d’avoir droit à un pourcentage des revenus des quatre futures usines en fonction de leur performance économique», dit-il.

En Europe, où Loop Industries a une entente avec la multinationale française Suez pour construire une usine en France ou en Belgique (la mise en service est prévue en 2023), la coentreprise créée est séparée à parts égales (50%-50%).

Les deux partenaires n’ont pas encore déterminé où seront construites les trois autres usines en Asie. En revanche, le Japon et la Chine sont des marchés potentiels intéressants, confie Daniel Solomita.

Selon lui, les pays asiatiques populeux et à forte densité démographique — comme la Corée du Sud, le Japon et la Chine — ont beaucoup de potentiel, car les citoyens habitent souvent dans de petits appartements sans terrain.

Cette situation fait en sorte qu’ils sont souvent en déplacement et qu’ils consomment donc beaucoup de produits en plastique.

Aussi, la possibilité de produire des contenants avec du plastique à 100% recyclé permettra de réduire la consommation de pétrole afin de produire ces nouveaux plastiques, réduisant du coup les émissions de CO2.

 

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